Mathilde Gros reste une compétitrice hors pair et une incorrigible perfectionniste. Elle analyse son élimination en 1/8 de finale du Championnat du Monde de vitesse, sans prendre comme excuse sa blessure à l'épaule qui l'a éloignée plusieurs semaines des vélodromes (lire ici). "Je me suis mis énormément de pression. Je voulais vraiment aller en demi-finale. J'étais trop concentrée sur mon temps et je n'ai pas pris en compte tout le reste, mon épaule notamment. J'ai mis des oeillères", déclare-t-elle à DirectVelo. "Je suis déçue de mon 200 mètres car je pense qu'avec un peu plus de fraîcheur, j'aurais pu mieux faire", ajoute-t-elle.
Son entraîneur Herman Terryn remet dans le contexte son chrono. "Elle n'a pas couru depuis quatre mois, elle a recommencé l'entraînement il y a un mois et demi. Aujourd'hui (jeudi) c'était le Juge de Paix pour savoir ce qu'elle valait. Elle réalise le 6e temps du 200 mètres, c'est une belle performance", estime l'entraîneur national qui ajoute : "c'est aussi la preuve qu'elle n'était pas au top aujourd'hui car elle est habituée à figurer dans les trois premières".
Ses 10"938 des qualifications l'ont obligée à passer par le 1/16 de finale, elle qui est habituée à sauter une case grâce à ses temps. Après avoir gagné facilement son premier match, elle s'incline en 1/8 d'un centième pile devant la Néerlandaise Laurine van Riessen. En 2017, elle avait perdu pour un millième la première manche de son quart de finale face à Simona Krupeckaite.
« J'AI FAIT AVEC LES ARMES DU MOMENT »
Cette défaite laisse des regrets à l'entraineur et à la sprinteuse. "Elle l'avait largement dans les jambes car elle échoue à cinq centimètres malgré des erreurs", observe Herman Terryn. "C'est frustrant parce que j'ai fait une toute petite erreur tactique. Si j'avais eu la forme d'il y a quatre-cinq mois, ça aurait pu passer. Mais avec des si, on referait le monde. Je n'avais pas la forme et j'ai fait avec les armes du moment", concède l'athlète.
La triple Championne du Monde disputera le keirin dimanche. "Cette fois, je vais essayer de moins stresser, même si c'est facile à dire. Si je peux aller en demi-finale, ce sera déjà bien", promet-elle. "Elle a déjà bien couru dans cette discipline. On va jouer crânement notre chance", ajoute son entraineur.
La déception est bien présente dans le clan tricolore. "C'est dur à digérer et je vais mettre du temps à digérer mais j'apprends", avoue la principale intéressée."Elle est déçue et nous le sommes tous car nous avons l'habitude de la voir tout en haut. On s'était mis en état de marche pour faire un podium. Mais c'est un mondial, on ne revient pas comme on veut" ressent Herman Terryn. Mais le mentor de la sociétaire de l'US Créteil préfère retenir le positif pour l'avenir : "elle reste dans le Top 10 mondial après une préparation tronquée. Ça n'enlève rien à son potentiel et à ce qu'on espère d'elle dans les prochaines années. Elle va aller aussi haut qu'on le pense. Les matchs seront plus facile quand elle sera à 100%".
La compétition continue donc pour Mathilde Gros qui regarde plus loin que le tournoi de keirin de dimanche. "J'aimerais pouvoir finir sur une bonne note pour, ensuite, bien ré-attaquer l'année".